Ses bras autour d’un des pommiers du jardin des Ravenclaw, le jeune Gwayne Blackfyre montait de plus en plus haut dans celui-ci malgré le vide qui semblait de plus en plus imposant au fur et à mesure de son ascension. Attrapant la plus belle pomme de l’arbre, il la coinça dans son t-shirt avant d’en prendre une en bouche et de bloquer la troisième à côté de la deuxième. En dessous de l’arbre se tenait Morrigan qui fixait son ami jouer les cascadeurs. « Fais attention ! Tu vas te rompre le cou. » Dit la petit fille un ton à peine au dessus sa voix habituelle, conservant en permanence ses bonnes manières. Un bras agrippé à une branche, le petit Blackfyre tendit son pousse en l’air pour montrer à la Ravenclaw que ça allait bien pour lui. Continuant sa descente avec prudence, le brun maugréa lorsqu’il fit tomber la troisième pomme qu’il avait choisie au sol. Remontant, il arriva à en dénicher une troisième qu’il garda cette fois en main, rendant sa descente vers la terre ferme bien plus ardue. A un mètre et demi du sol, il ne lui restait plus qu’à s’agripper à la dernière branche et il pourrait rejoindre la terre ferme. C’est alors qu’il posa son pied droit sur ce qu’il pensait être une branche assez forte pour soutenir son poids. Malheureusement pour lui, cette dernière céda et il s’écrasa lamentablement au sol dans un gémissement. Se pressant vers son amie, Morrigan l’ausculta du regard avant de lui demander : « Ca va Gwayne ?! » Le petit garçon, les yeux clos, un léger sourire aux lèvres resta immobile un instant avant de se redresser d’un coup pour faire peur à son amie : « Je suis mort, mais j’ai survécu Momo. » Roulant des yeux, la jeune Ravenclaw lui donna un coup délicat sur le torse alors que le garçon récupérait la pomme qu’il avait réussi à coincer dans son t-shirt. « Je t’ai ramené un présent du pays des morts. La plus belle pomme du royaume. » Lui tendant la pomme la plus mur à la couleur la plus belle à Morrigan, le brun avait l’impression d’être le chevalier en armure blanche de la jeune Ravenclaw. Combattre les pommiers et les nuages ne semblait pas un si mauvais métier que ça s’il pouvait voir la petite sourire à l’envie. Il pourrait même l’exercer toute sa vie dans ces conditions. Certes, ses parents n’étaient pas toujours contents lorsqu’il revenait avec des vêtements  froissés, voir déchirés dans les pires des cas, mais ça valait le coup après les journées passées chez les Ravenclaw. Récupérant la pomme qu’il avait lâchée durant sa chute, il l’essuya longuement sur ses vêtements avant de courir vers la deuxième Ravenclaw présente. Dans un sourire éclatant, il l’offrit à la jeune Lukeria avant de lui tendre la main : « On va aller se balader dans les jardins. » Serrant les doigts fins de la jumelle de Morrigan, il la traina dans son sillage en se dirigeant vers son amie. Les trois réunis, Gwayne récupéra sa propre pomme, légèrement entamé involontairement durant la chute, avant de l’essuyer quelques secondes. Mordant une bonne part de la pomme, il regarda les deux sœurs avant de toucher l’épaule de Lukeria en disant : « Tu es le chat et toi tu me suis. » Prise au dépourvu, Lukeria regarda sa sœur et le meilleur amie de celle-ci se presser dans les méandres du jardin avant de leur crier après gaiment tout en les coursant. Au bout de quelques instants, Morrigan et Gwayne se cachèrent derrière un buisson, la Ravenclaw un peu trop essoufflé aux yeux du brun qui lui ne l'était pas. Cette réflexion quitta rapidement son esprit alors que Lukeria s'approchait d'eux sans les voir. Chuchotant quelques mots à sa meilleure amie, lorsque cette dernière lui donna un léger coup en le traitant d'idiot il ne pu s'empêcher de rigoler et de se faire repérer par Luke qui était aux aguets. A sa manière, le jeune Blackfyre illuminait le quotidien stricte et rythmé des soeurs Ravenclaw. Il aimait bien ça, les rendre heureuses et insouciantes rien qu'un instant.


Comme ça leur était déjà arrivé plusieurs fois depuis leur rencontre, Gwayne et Morrigan avait passés la soirée à parler de tout et de rien. Surtout de rien. Installés dans les appartements de la brune, les deux amis, comme d’habitude, avaient passés quasiment toute la journée ensemble. A moitié allongé sur le divan qui avait servi de lit à Gwayne plus d’une fois, ce dernier écoutait Morrigan parler en sentant les bras de Morphée le prendre lentement. Les yeux à moitiés clos, sa tête reposant dans un équilibre précaire sur l’accoudoir du divan, installé dans une position étrange, le brun sombrait de plus en plus, cédant au sommeil qui l’appelait. Les yeux amusés de Morrigan se posèrent sur son ami alors qu’elle refermait le livre qu’elle était en train de lire, mettant un marque-page là où elle s’était arrêtée avant de le poser sur la table à côté d’elle. «
Tu devrais peut-être retourner dans la chambre qui a été préparée pour toi Gwayne, au lieu de dormir sur ce divan des plus inconfortables. » Les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, le brun bougea légèrement avant de maugréer sans très bien articuler : « Je dors pas… je repose juste mes yeux une seconde. » Un rire cristallin s’échappa des lèvres de la jeune Ravenclaw qui le regardait des ses yeux amusés par le comportement de son meilleur ami. « Si tu ne dors pas, de quoi est-ce que je parlais il y a quelques minutes ? » Grognant comme si la belle était en train de le déranger en plein milieux d’un rêve très intéressant, le brun répliqua d’une voix de plus en plus faible et endormie : « Tu parlais de… ce truc et puis machin… c’était très intéressant. » Le sourire qui étirait les lèvres de la jeune femme était d’une beauté incommensurable. Il s’agissait d’un trésor que Gwayne aimait avoir la possibilité d’entrevoir le plus souvent possible. Même si ce dernier, trop assoupi, ne pouvait le voir, il se mit à son tour à sourire béatement, comme si par on ne sait quel miracle il pouvait sentir la différence de tension dans la pièce. A croire qu’il pouvait repérer lorsque son amie était détendue, heureuse. Fixant un instant le jeune garçon qui commençait à ronfler lourdement, Morrigan alla dans sa chambre prendre une couverture avant de revenir la posée sur le corps tordu dans une position étrange de son ami. Ils avaient bien grandis depuis leur rencontre et Gwayne n’avait plus véritablement la taille qu’il fallait pour dormir sur la liseuse. Sa tête pendue dans le vide, ses bras ballants de tout part et ses jambes recroquevillées contre lui, la position ne semblait pas être confortable. Cependant, la jeune Ravenclaw voyait bien que le brun dormait paisiblement, ronflant comme un loir. Comme à son habitude, la jeune femme embrassa son ami sur le front avant d’aller elle-même dormir en se disant qu’elle demanderait bien un nouveau divan plus grand, si c’était pour que Gwayne continue à s’endormir dessus aussi souvent.
S’étirant douloureusement après la nuit qu’il venait de passer sur la liseuse trop petite pour lui, le Blackfyre baya lourdement avant d’ouvrir les yeux difficilement. Remarquant qu’il était recouvert d’une couverture, un sourire amusé étira ses lèvres alors qu’il imaginait sans mal Morrigan avoir été cherché une couverture pour lui. Se redressant, le brun ne fut pas étonnée de voir son amie vaquer naturellement à ses occupations pendant que lui était resté tranquillement endormi à peine perturbé par le bruit. C’est alors qu’il remarqua un divan posé dans un coin de la pièce. Habitué de la demeure des Ravenclaw, il n’eu aucun mal à reconnaitre le divan qui se trouvait dans le salon de lecture annexe à la grande bibliothèque de la maison. Gwayne se demanda d’abord ce que faisait le divan là, puis aussi comment il avait pu faire pour ne pas se réveiller alors que sans nul doute des esclaves de maisons avaient du amener le meuble jusqu’ici. Posant ses yeux sur Morrigan qui avait déjà remarquée qu’il était debout, il passa une main dans ses cheveux défaits avant de dire : « Quel est la nécessité d’un nouveau divan ? » Impassible, malgré la malice que le brun pouvait lire dans ses yeux, la jeune femme répondit très simplement : « L’ancien est trop petit pour toi. » Sans plus d’explications, sans besoin d’ajouter quoique ce soit, les deux se regardent et un sourire attendri étire les lèvres de la jeune femme qui aurait certainement du être sa sœur dans un monde meilleur.


Installé autour d’un feu de bois aménagé dans le jardin avec sa famille et ses amis, Gwayne riait tranquillement en parlant à Morrigan. Il adorait quand cette dernière venait à la demeure des Blackfyre et pouvoir profiter de la présence de Jaime, Rosehei et Lukeria en plus était incroyable pour le brun. La soirée était plaisante, certaines familles, plus ou moins importantes avaient acceptées de venir fêter l’anniversaire d’Aegon, la fierté des Blackfyre. Le prince lui-même était là, attraction qui avait amené plusieurs familles ainsi que leurs descendants aux sobres festivités. Se souciant peu de l’anniversaire de son frère et de tout ce qui entourait celui-ci en général, au bout d’un moment le brun proposa à ses amis de faire des torches et d’aller se balader dans le domaine en s’éloignant des adultes et des amis d’Aegon qu’ils n’appréciaient pas forcément. C’est alors que la voix de madame Blackfyre fracassa l’air pour appeler ses deux fils à elle. Poussant un soupire, Gwayne demanda un instant à sa bande, promettant de revenir avec de quoi faire leur torche. Se pressant jusqu’à sa mère, cette dernière ne pu s’empêcher de vérifier ses vêtements, reboutonnant la chemise du petit avant de passer une main dans ses cheveux qu’il avait volontairement ébouriffé. Le regard plein de reproche qu’elle lui lança était habituel pour le jeune garçon qui ne supportait pas d’être tiré à quatre épingles. D’une démarche impétueuse et pleine de prestance, Aegon arriva à son tour, parfait sous toutes les coutures sa coiffure n’ayant pas bougé d’un centimètre et ses vêtements absolument pas froissé malgré les heures qu’il avait passé dans son costume. Le frère de Gwayne était une caricature de la perfection. Parfois son cadet se demandait si ce dernier avait un cœur ou encore si, comme le commun des mortels, il lui arrivait de sueur, de pleurer. De faire ces choses terriblement humaines. Plus le temps passait, plus il en doutait.  C’est alors que leur mère leur demanda d’aller d’un feu à un autre voir s’ils avaient besoin d’être ranimé et d’appeler les esclaves si c’était le cas tout en parlant avec les invités. Tout naturellement, les deux garçons se séparèrent pour ne pas avoir à passer une seconde de plus ensemble. Passant d’un feu à un autre, tachant d’être le plus poli possible bien qu’il renversa un ou deux verres par mégarde, Gwayne attint le dernier feu peu avant son frère. Attrapant le tisonnier posé à côté du brasier, le cadet des Blackfyre mélangea un peu les braises, avant de remarquer son frère qui venait d’arriver. Le regard plein de mépris et de jugement de ce dernier ne l’atteint même pas alors qu’il disait : « Je vois que tu sais où est ta place, à accomplir le travail des esclaves. » Souffla Aegon un sourire satisfait aux lèvres. Se retournant vers son frère, Gwayne fit tomber par mégarde le tisonnier incandescent au sol ainsi que quelques morceaux de bois à moitiés consumés et brulant. S’abaissant pour ramasser le tisonnier et le ranger sans plus de cérémonie tout en disant : « C’est toujours mieux que de jouer le rôle de larbin pour le fils du roi. Que dis-je ? Son incroyable majesté le prince Endymion. Tu l’appelles aussi sa majesté royale lorsque tu ramasses ses merdes » Totalement maître de ses moyens, sans hésitation aucune, Aegon poussa violemment son frère en toute maîtrise de la chance. Personne n’a vu la scène, personne ne sait rien. S’écrasant au sol, le tisonnier brulant dans les mains, Gwayne évite de peu de se bruler le visage avec ce dernier mais déjà un cri provenant du fond de sa gorge s’échappe de sa bouche alors qu’il roulait au sol en se recroquevillant sur lui-même. Le son avait été si primaire, si emplit de douleur qu'on aurait dit un animal s'étant fait prendre dans un piège lors de la saison de la chasse. Recroquevillé sur lui même, le brun sentait à la base de son dos une douleur horrible irradier depuis l'endroit ou un des morceaux de bois incandescent avait fait fondre ses vêtements bruler la chair. Les amis du brun se précipitent vers lui et Morrigan est la première à agir en attrapant un mouchoir pour retirer la braise encore brulante qui s’était accrochée à la peau du jeune homme au sol. Les parents Blackfyre arrivèrent quelques instants plus tard, se pressant sans se précipiter. Voyant leur fils préféré indemne, ils daignèrent poser les yeux sur le vilain petit canard de la famille qui, une fois encore, avait réussi à faire parler de lui. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Assis à même le sol, des morceaux de sa tenue collés à sa peau à cause de la brulure, Gwayne fixe Aegon qui le jauge en retour. Ce dernier semble se soucier à peine du mal qu’il venait de faire à son frère. Certes, il n’avait pas poussé ce dernier volontairement pour qu’il se brûle, mais il était tout de même fautif dans l’histoire. Et pourtant, le plus jeune des Blackfyre pouvait aisément voir dans le regard de son frangin qu’il ne ressentait aucun remord. « Il est tombé à cause de sa maladresse habituelle mère. » Fusillant Aegon du regard, Gwayne se remit sur ses pieds grâce à l’aide de Morrigan alors que ses parents péroraient sur la maladresse de leur dernier enfant.  

Allongé dans le parc de Poudlard en compagnie de son meilleur ami, Gwayne regardait les nuages dans le ciel se former et se déformer au gré du vent. Tendant ses bras au dessus de lui, comme s’il cherchait à attraper les nuages, le Blackfyre observa un instant le bracelet qu’il gardait en permanence au poignet. Les faibles rayons du soleil présent traversaient la pierre d’un bleu profond sous les yeux du garçon qui ne pouvait s’empêcher de penser à la personne lui ayant offert le bijou. « J’ai l’impression que quelque chose a changé avec Morrigan. » Souffla t’il sans se soucier du changement de conversation plutôt abrupte qui venait de suivre un silence paisible. S’il était une personne au monde, après Morrigan, avec laquelle il pouvait parler de tout, c’était bien Jaime. A leur manière, les deux garçons étaient les deux faces d’une même pièce. Malgré leurs différences ils se complétaient plutôt bien et pouvaient compter sur le soutien infaillible de l’autre. C’est pourquoi Gwayne se sentait si à l’aise à l’idée de parler d’un sujet aussi épineux que pouvait être Morrigan ces derniers temps. Ce n’était ni avec Rosehei, ni avec la jumelle de la Ravenclaw qu’il allait bien pouvoir en discuter. Ne lui restait que son ami, son frère  de cœur et ça lui allait parfaitement. « Comment ça ? » Tournant son visage vers Jamie, il haussa les épaules avant de répondre : « C’est différent. On était tellement… tellement proche avant et maintenant on dirait que quelqu’un est en train de doucement tirer sur notre cordon ombilicale pour le faire céder. » Par moment, Gwayne ne pouvait éviter cette sensation de rupture. Comme s’il sentait que plus le temps passait, plus le fossé entre lui et son amie de toujours s’élargissait. Elle qu’il connaissait par cœur lui semblait pareil à une inconnue par moment. A croire qu’il ne plongeait plus son regard dans celui de sa moitié spirituelle. A croire qu’il ne faisait plus face à son âme sœur amicale, cette partie de lui qui lui manquait quand elle n’était pas là. Ca venait par vague, insidieusement, s’infiltrant entre eux comme un poison qu’ils ne remarquaient pas. « Je sais pas vraiment Gwayne, tu sais aussi bien que moi comment elle et comment elle peut être. » Hochant lentement la tête, il passa une main dans ses cheveux avant de soupirer lourdement. « Pour la protéger on a … » « Fait ce qu’il fallait. » Hochant lentement la tête il répondit d’une voix monocorde : « La seule chose à faire. » Sur la même longueur d’ondes, comme à leur habitude, ils partagèrent un sourire complice alors que Rosehei et Lukeria venait s’installer à côté d’eux. Se redressant dans un même mouvement, le de Lioncourt et le Blackfyre accueillirent les filles en souriant. « Vous discutiez de quoi les garçons ? » Partageant un regard complice, les deux haussèrent les épaules alors que Jaime, peu désireux de partager  ce pan de leurs conversations avec les filles répondit simplement : « Rien de spécial. » Aucun des deux bruns ne se doutait qu’à force de dire ce petit mensonge ce dernier allait devenir une douloureuse vérité. La conversation changea rapidement de sujet et avec une rapidité impressionnante. Discutant avec les autres, au bout d’un moment Gwayne remarqua Morrigan à une vingtaine de mètres d’eux. Lui faisant un signe timide de la main, le brun pouvait sentir les yeux de la Ravenclaw le transpercer de part en part avant qu’elle ne jette un regard circulaire au groupe d’ami. Comme si elle venait de se bruler les prunelles en regardant trop longuement l’astre incandescent, la jeune femme fit marche arrière et rentra au château. Arrachant quelques brins d’herbes, malgré lui il était un peu déçu. Morrigan était dure à atteindre ces derniers temps et le jeune homme ne savait pas vraiment quoi faire pour faire tomber les barrières qui s’érigeaient au fur et à mesure entre eux. Déstabilisé par le coup d’épaule que venait de lui donner Luke, il lui jeta un regard un peu paumé sans s’en rendre compte. « Qu’est-ce qui se passe ? On dirait que t’as vu un fantôme. » Pointant son visage de son index en faisant de grand geste, le brun fit la moue la moins séduisante possible avec le regard totalement perdu d’un chiot : « Tu ne reconnais pas mon visage de prédateur prêt  à faire craquer toutes les jolies filles du château. » Les trois amis de Gwayne se mirent à rire alors que ce dernier ronchonnait. « Avec une moue de séducteur pareil, c’est pas étonnant que tu te trouves personne. » Lança Jaime en riant de plus belle alors que son ami prenait une moue faussement offusquée. « Excuses moi monsieur, il y a eu la jolie blonde au tournoi de la Rose… » « Tu lui as renversé ton verre dessus, ça ne compte pas. » Répliqua Rosehei entre deux éclats de rire. « Alors la belle rousse qui fait partie des serdaigles ? » Prenant une mine faussement triste, Jaime posa sa main sur l’épaule de son amie avant de dire : « Peut-être dans tes rêves, mais pas dans la vraie vie mon vieux. » Continuant à rire, la petite bande fixait le pauvre Gwayne qui se tournant vers Lukeria souffla en faisant sa moue de chien battu : « T’es de mon côté Luke, n’est-ce pas ? Pas comme ces vilains qui nient la puissance de mon sex appeal. » Lui offrant une mine désolé, la Ravenclaw se mit à rire de plus belle alors que le Blackfyre se laissait tomber sur le dos en riant en cœur avec ses amis.


Ses mains serrant délicatement la main de la jeune femme allongée sur le lit de l’infirmerie, Gwayne était assis depuis un long moment. Il ne savait pas exactement combien de temps, juste que le soleil avait fini par décliner et que l’astre lunaire avait eu le temps de s’élever dans le ciel. Le brun perdu dans ses pensées avait à peine prêté attention au monde les entourant. Il avait à peine répondu lorsque l’infirmière avait prise congé, statuant sur le fait que Lukeria allait tranquillement se réveiller et n’aurait aucune séquelle. Il avait à peine remarqué la pièce qui s’était obscurcie, les rayons du soleil remplacé par la chaleur des bougies. Tout ces petits détails étaient passés au dessus du brun qui songeait. Il réfléchissait, ses mains jouant avec les doigts fins et délicats de la Ravenclaw. Dieu qu’elle pouvait ressembler à sa jumelle et pourtant lui être si opposée. S’amusant de remarquer que la main de Luke était légèrement plus petite que la sienne, plus douce aussi, il souriait stupidement en pensant stupidement à la jumelle de celle-ci. Morrigan lui manquait et même s’il adorait Lukeria leur relation était différente. Elle n’avait aucun rapport avec sa relation avec Morrigan et plus le temps passait et moins le brun pouvait l’occulter. Parfois, lorsqu’il posait ses yeux sur Luke, l’entendait rire ou la voyait sourire, il avait l’impression que quelqu’un lui donnait un coup de poing dans le plexus solaire. Le choc et puis la respiration qui s’arrête. Gwayne n’aurait su dire quand ça avait commencé. Quand la simple impression de se sentir bien avec Lukeria était devenue plus. Surement suite à leur entrée dans la rébellion. Surement après les longues heures passées ensemble. Au final, le brun avait l’impression de s’être cassé la figure. La chute n’avait rien de doux, c’était comme de s’être écrasé au sol après être tombé de son balai à un mètre du sol. Ca faisait mal, tout allait trop vite et il sentait la pente savonneuse sur laquelle il était en train de s’aventurer. Posant ses yeux sur le visage assoupi de la brune, un léger sourire étire les lèvres du Blackfyre qui ne peut s’empêcher de dire à mi-voix : « Tu es moins impressionnante endormie, plus paisible aussi. » Serrant légèrement les doigts de la jeune femme, il se refuse à l’abandonner là, même en sachant qu’il pourrait veiller toute la nuit. Il refusait de la voir se réveiller au petit matin avec personne pour lui sourire, puis il se sentait bien incapable de lâcher sa main. Laissant ses pensées divaguer, il s’imaginait sans mal le rire méprisant de son frère résonner à ses oreilles alors que ce dernier s’amuserait de sa sentimentalité. Lukeria était fiancée, promise à un autre et à l’heure actuelle il ne pouvait rien contre cela. Imposer à la jeune ses sentiments n’était pas concevable. Tout comme il avait été inconcevable de mêler Morrigan à la rébellion. Certains sacrifices doivent être fait pour un bien supérieur. De toute manière, il pourrait toujours se consoler avec leur amitié. Voila la conclusion à laquelle Gwayne arriva lorsqu’il sentit le lit bouger alors que Luke se réveillait en maugréant.  Incapable de retenir son sourire, il le perdit vite lorsque la jeune femme tenta de se redresser. La pressant contre le lit en douceur afin qu’elle ne bouge pas, le brun se rassit correctement un instant plus tard, sa main toujours lié à celle de la belle. Ses yeux perdus dans ceux de la Ravenclaw, il nota sans difficulté les excuses muettes qu’elle lui faisait. Haussant les épaules, souriant légèrement il lui témoignait à sa manière que ce n’était pas grave. Elle pouvait prendre tout son temps si elle le désirait, il n’aurait su lui refuser.  Les choses, néanmoins, étaient différentes. Fixant la belle avec une intensité dont il avait rarement fait preuve, Gwayne n’aurait pu exprimer ce qui se passait. C’était comme si quelqu’un, un farceur sans aucun doute, avait mis un dragon dans son estomac, ce dernier se débattant et crachant des flammes à tout va. Il pouvait sentir la chaleur et le malaise qui lui nouait les entrailles alors que bien incapable de détourner le regard il se retrouvait incapable de peser les pours et les contres. Il était là, comme un fou ayant toujours protégé sa reine. Il était là comme le fou qui, restant à sa place veillait sur la reine et ne l’aimait pas comme le roi. C’est surement pour cela qu’il se sentait plus proche de la tour, de la jeune femme dans ce lit. Il était là, comme le fou d’un échiquier, incapable de frôler des doigts la tour à ses côtés, mais incapable de ne pas la désirer. « Gwayne .. » La supplique de Lukeria n’arrive pas à remettre son ami sur les rails. Il se sent bien incapable de lutter contre cette chose qu’il désirait depuis longtemps, même sans le savoir. Peut-être était-ce l’épée de Damoclès leur pendant au dessus de la tête qui le poussait dans une telle urgence. Peut-être était-ce juste le sentiment qu’il n’en aurait plus jamais la force. Peu importait au final lorsque se penchant en avant, faisant glisser sa chaise en arrière involontairement, il posa ses lèvres sur celle de Lukeria. Son baiser était timide, avide, mais retenu. C’est alors qu’il sentit la main libre de la belle se poser sur le col de sa chemise en l’attirant à elle. Se laissant faire un instant, fondant au contact de ses lèvres, la réalité lui revint au visage comme une claque assénée par sa mère. Reculant, pareil à un renard pris sur le fait, il n’eu pas besoin de réfléchir pour savoir la marche à suivre. Sans un mot, sans une explication, il recula avant de se tourner vers la porte et sortir de l’infirmerie. C’était surement son pire coup d’échec et le brun se rendait bien compte qu’à cause de ça l’échiquier dans son ensemble était compromis.


« Ton père et moi aimerions que tu te comportes correctement lorsque les Tyrell arriveront. » Tirant sur son col bien trop serré, le jeune Blackfyre n’avait pas envie d’entendre ce que les Tyrell avaient à dire, encore moins ce que ses propres parents avaient à dire. Déjà installé dans le petit salon avec son père, Aegon s’amusait de voir son frère au centre des réjouissances, surtout prisonnier de fiançailles dont il ne désirait pas. Vêtu d’habits d’apparats beaucoup trop pédants à son gout, Gwayne ne se sentait pas à l’aise dans ce costume ironiquement trop petit pour lui. Tirant sur les manches de sa chemise, essayant de trouver un moyen de trouver un peu d’air, il s’apprêtait à déboutonner les premiers boutons de celle-ci, mais le regard tranchant de sa mère l’en empêcha. Quelque instant plus tard les Tyrell étaient annoncés à l’entrée et la petite famille Blackfyre alla les saluer comme il se devait.
La tête ailleurs, perdu chez les Ravenclaw, le jeune homme n’arrivait pas à rester concentrer sur la mascarade qui se déroulait devant ses yeux. Malgré toutes ses tentatives de se racler la gorge, quelque chose restait en permanence coincé au niveau de sa glotte. Quelque chose au relent de remords et de regrets. Alors même si sa mère conversait sur le bonheur que c’était de voir leurs deux familles réunie pour fêter les fiançailles en espérant pouvoir bientôt assister à cette union, le brun restait sourd aux remarques de cette dernière. Il n’arrivait pas à penser à autre chose que les jumelles Ravenclaw et la mort de leur frère  Hermès.  Gwayne fixe son assiette le regard vide alors qu’il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui allait pouvoir se passer à la rentrée. Comment annoncer à Lukeria ses  fiançailles avec Rose? Puis comment passer le malaise qui allait à tous les coups s’installer entre eux deux ? Puis Morrigan, dans quel état était elle à l’heure actuelle ? Il ne pouvait décemment pas se rendre jusqu’à ses appartements et espérer qu’elle lui ouvre. De plus, avec les Tyrell dans les parages, ses parents refuseraient à tous les coups. Perdu dans ses problèmes, le brun faisait bien peu attention au déroulement de la conversation avant de poser ses yeux sur sa nouvelle fiancée. Contrairement à lui, Rosehei souriait légèrement, presque un air soulagé sur le visage. Elle était belle dans sa robe prévue pour l’occasion, elle se tenait bien et Gwayne ne doutait pas une seconde du fait que ses parents devaient être heureux de cette alliance. Lui, par contre, ne l’était pas forcément. Même si Rose était une très bonne amie et ce depuis qu’ils avaient dix ans, ça ne changeait rien à ce qu’il pouvait bien sentir. Il n’était pas épris de Rose, non la douce Rose, cette bonne vivante qu’il appréciait énormément. Le Blackfyre ne voulait pas épouser son amie, pas lorsque ça sonnait si faux. « Gwayne, ne voudrais tu pas dire quelques mots ? » Pris au dépourvu, le jeune homme posa ses yeux sur sa mère qui lui fit signe de dire quelque chose. Poussant sa chaise afin de se lever, le brun ne regarda pas derrière lui et ne remarqua pas l’esclave une carafe de vin en main qui passait derrière lui. Le bousculant, ce dernier laissa tomber la précieuse carafe tout en renversant son contenu sur le mur. L’esclave allongé au sol au milieu des débris, Gwayne ne pu s’empêcher d’avoir une grimace d’inquiétude alors qu’il se précipitait pour aider le pauvre bougre. « Pardon, je n’avais pas vu que… » « Gwayne ! Assied toi tout de suite ! C’est son travail de ramasser. » Coupa sa mère d’une voix cassante. De l’autre côté de la table, Aegon avait suivit la scène presque en s’en pourléchant les babines de jubilation. Son petit frère, une fois de plus, se couvrait de honte. Tant que ça ne concernait que ce dernier ça lui allait bien. Monsieur Blackfyre décida alors qu’il était temps que les deux fiancés se parlent un peu pendant que le reste des Blackfyre et des Tyrell passent au salon pour laisser les deux tourtereaux parler à leur aise du mariage un instant.
Seul face à Rosehei, le jeune animagus semble déjà bien plus détendu. Déboutonnant finalement les deux premiers boutons de sa chemise, il se sent respirer et pousse un lourd soupire de soulagement. « J’ai encore réussi à faire fort on dirait. » Riant légèrement, Rose hoche délicatement la tête sincèrement amusée par ce qui venait de se produire. Même si les deux jeunes gens se connaissaient depuis des années déjà, une gêne qui ne s’était jamais retrouvée entre eux semblait écraser la pièce sous son poids. Faisant le tour de la table, Rose s’installa à côté de son ami avant de dire : « On pourra annoncer la nouvelle à Jaime et Lukeria en retournant à Poudlard. » Dit elle dans un léger sourire innocent. Malgré lui, le brun pose ses yeux sur la fenêtre en face de lui en essayant d’occulter le fait que le prénom de Luke est pareil à un poignard que Rose lui assénerait dans le cœur sans s’en rendre compte. Hochant la tête, il boit une longue gorgée de vin avant de répondre : « C’est vrai qu’il faudra leur dire. Je m’occuperais de Jaime et tu pourras l’annoncer à Luke, non ? » Souriant, le brun semble inoffensif, à croire qu’il lâchait cette idée tout à fait innocemment. Ce qui était loin d’être le cas. La jeune femme, perturbée par cette remarque fit la moue avant de répondre : « Ca ne serait pas plus simple de leur annoncer en même temps ? » Haussant les épaules, le brun fit mine de réfléchir un instant avant de répliquer presque en riant : « Les fiançailles et tout ça c’est une histoire de filles. Je suis sur que tu auras plein de choses à raconter à Luke sur la bague et le reste. Alors que si je l’annonce à Jaime, on en parlera quelques instants puis le sujet déviera rapidement. » « Une histoire de fille ? » Rosehei semblait dubitative, mais n’eu pas le temps d’obtenir plus d’informations que leurs familles respectives revenaient à table en s’extasiant sur le joli couple qu’ils formaient.