Contemplant le paysage de sa fenêtre en silence, Edric essayait de garder son calme. Chose qui n'était pas facile puisque sa jeune soeur pleurait toutes les larmes de son corps près de lui. Levant les yeux au ciel, le garçon se retourna vers cette dernière et lui intima de se taire d'un regard sévère. Il était déjà connu pour son caractère inflexible et mature. Satisfait de trouver enfin la paix, Edric se retourna vers la fenêtre en ignorant l’œillade mauvaise de son frère. Ils avaient appris quelques heures plus tôt que leur mère était tombée malade. Ils ignoraient cependant de quoi et si c'était grave ou non. Edric avait été chargé en tant qu'aîné de rester avec le reste de la fratrie dans une pièce. Âgé d'à peine dix ans, il en paraissait davantage de par son assurance à toute épreuve. Patient, il était néanmoins très inquiet quant à l'état de sa mère. Restant toutefois calme, le garçon frissonna en entendant la porte en bois s'ouvrir. Retenant son souffle, il tourna la tête vers son père qui faisait son entrée. Il fallut à Edric quelques secondes pour comprendre. Son père semblait dévasté et une seule chose pouvait expliquer cela. Fronçant les sourcils, il s'interdit cependant de verser la moindre larme devant sa famille. Il avait toujours eu une relation à part avec sa mère, ce que personne ici ne pouvait comprendre. Comme si il assistait à la scène et qu'il n'était qu'un simple spectateur, les cris et pleurs du reste de la fratrie martell lui parvinrent à peine. Serrant les dents, il suivit son père quand ce dernier quitta la pièce. « Père, je dois savoir. Qu'est-il arrivé à mère ? A-t-elle souffert ? » Plongeant ses yeux bleus dans ceux de son père, Edric se demanda un instant si il allait lui répondre tant il semblait perdu à ce moment précis. Observant en silence son paternel, il crut voir de la colère et du désespoir passer dans le regard de ce dernier. Conscient de la douleur qu'il devait lui procurer en le dévisageant avec les mêmes yeux de sa défunte mère, Edric détourna son regard. Il était le seul enfant issu de la famille à lui ressembler autant. Sa soeur avait certes hérité de quelques traits mais son frère était quasiment identique à leur père. Espérant une réponse, il fut soulagé de voir que son père était toujours à ses côtés. « Ta mère est morte d'une infection très sérieuse. Personne ne sait comment elle a réussi à l'attraper. Quant au reste .. » Il n'avait pas besoin de poursuivre pour deviner que la souffrance avait été présente. Grimaçant à cette pensée, Edric remercia son père d'un geste de la tête avant de se rendre dans sa chambre. C'était trop, même pour lui. Refermant la lourde porte derrière lui, le garçon se jeta sur son lit où il céda sous le poids de la douleur. Edric ne pleurait que rarement et quand il le faisait, c'était à chaque fois pour quelque chose d'important. Le coeur brisé par la perte de sa mère, il savait au fond de lui que cela signifiait qu'il n'avait plus de famille. Il n'avait jamais été réellement proche de son père et encore moins de son frère et de sa soeur. Ils étaient comme des inconnus et perdre la seule personne qui lui donnait l'impression d'appartenir à une famille lui ouvrait les yeux.

Il lui était formellement interdit d'apprendre à dresser les animaux appartenant à la famille. Edric en était conscient mais cela ne l'empêchait pas de le faire tout de même. Un an auparavant, il avait malencontreusement essayé d'apprivoiser un hippogriffe et la cicatrice qui lui barrait le torse était là pour lui rappeler son manque d'expérience. Revenant tout juste du dressage d'un hippogriffe qu'il réalisait seul avec l'aide d'un ami dresseur, Edric fronça les sourcils en voyant un tas de gens s'affairer dans la cour. Reconnaissant sans mal les armoiries de la famille de lioncourt, le jeune homme s'avança en essayant de se débarrasser de la crasse qui le recouvrait à certains endroits. C'était peine perdue. Essayant de faire profil bas, il manqua de sursauter en entendant une voix familière s'élever. « D'où sors-tu ? Tu sais que Cersei et son père sont présents ? De toute façon, je m'en fiche. Cela me sera d'autant plus utile pour arriver à épouser Cersei. » Se retournant à peine puisqu'il savait à qui il avait affaire, Edric leva les yeux au ciel en laissant son frère seul dans la cour. Gravissant les escaliers tout en faisant attention pour ne pas tomber sur les invités et son père, Edric poussa un soupire de soulagement en arrivant à sa chambre. Sortant des habits propres, il fit sa toilette en un rien de temps et ne fut pas surpris de retrouver son frère faire la conversation à Cersei dans le salon. Préférant aller saluer le père de Cersei d'abord, il engagea même la conversation, ce qui lui valut des coups d'oeil meurtriers de la part de Cersei. Souriant en pensant à cela, il connaissait assez bien la jeune femme pour savoir qu'elle ne tarderait pas à se manifester. Ils étaient tous deux très proches depuis qu'ils étaient enfants et ils adoraient se taquiner. Manquant d'afficher un sourire triomphal en sentant la jeune femme se glisser à ses côtés, il posa son regard amusé sur Cersei. « Milady, vous êtes de plus en plus ravissante. » murmura-t-il tout en la défiant du regard. Il jouait avec elle et adorait cela. Ignorant son frère qui s'était lui aussi rapproché, il éclata de rire en voyant le regard noir de Cersei. Il était inutile d'espérer échapper à une vengeance de sa part et Edric avait hâte de voir ça. Portant son attention vers son père en pleine discussion avec le père de Cersei, il fronça les sourcils en percevant le sérieux de leur débat. Essayant de comprendre ce qu'ils pouvaient bien se dire, il fut bien troublé en comprenant le sujet de leur discussion. Essayant de faire signe à son père alors qu'il le considérait déjà du regard avec Cersei, Edric se figea en entendant ce dernier élever la voix. « Il est vrai que Cersei est charmante. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui nous ont poussé à prévoir ton mariage avec elle, Edric. » Il s'y attendait et détestait vraiment son père pour lui faire un coup comme celui-ci. Il aurait pu tomber sur pire que Cersei mais cela ne l'enchantait pas non plus. Dépité, il le fut davantage en entendant les murmures de protestation de son frère. C'était inutile. Une fois décidé, ce genre d'union ne se défaisait pas si facilement. Il n'avait même pas à regarder Cersei pour deviner qu'elle devait arborer le même air que lui.

« Qu'est ce que tu veux ? » Sa voix était calme et même un peu sévère. Levant les yeux de son parchemin, Edric dévisagea son frère avec un air ennuyé. Depuis l'annonce de ses fiançailles avec Cersei, celui-ci semblait se donner un malin plaisir à rendre à Edric la vie impossible. Lui-seul était au courant de l'état de santé plus qu'alarmant de leur père mais son frère semblait apparemment avoir deviné que quelque chose se passait. Appuyant un coin de sa mâchoire contre une de ses mains, le jeune homme observa son frère en silence. « Je ne suis pas dupe. Je vois bien toute cette agitation autour de notre père. Mais sache que si il lui arrive quelque chose, plus rien ne me retiendra ici. » Poussant un long soupire, Edric resta comme à son habitude impassible. Posant ses mains à plat sur son bureau, il dévisagea son frère avec un air contrit. Cela n'avait jamais été le grand amour entre eux mais ils étaient assez intelligents pour comprendre ce qui arriverait lors du décès de leur père. Edric hériterait de tout et serait alors le dirigeant de la famille Martell. Toutes les décisions lui appartiendront sans que son frère et sa soeur ne puissent dire un mot. Or Edric avait déjà prévu des fiançailles pour son frère. « Je ne t'en empêcherai pas. Mais sache que sans ton nom et sans la réputation de la famille, tu n'es rien. Or il se trouve que je t'ai déjà trouvé quelqu'un qui t'aiderait à monter encore plus haut dans les sphères du pouvoir. » murmura-t-il tout en étant dégoûté par la lueur qui venait de s'allumer dans les yeux de son frère. Frère qui n'était qu'orgueil et avidité de pouvoir. Un ennemi né puisqu'il était réparti à serpentard. Lui faisant signe de déguerpir avant qu'il ne s’énerve, il fut content de voir que sa proposition lui convenait assez pour qu'il le laisse tranquille un moment. Replongeant dans sa lecture, son regard fut attiré par une photo qui trônait sur son bureau. Elle représentait sa future épouse. Fronçant les sourcils en pensant à tous ses problèmes avec Cersei, il manqua de tomber de sa chaise en entendant la voix de cette dernière. Levant les yeux au ciel en la voyant lui demander de la rejoindre, Edric ne se fit pas prier. Il était persuadé qu'elle avait une nouvelle fois trouver le moyen de lui rendre la vie impossible et il ne fut pas déçu, comme toujours.