Tu soupiras pour la millième fois de la soirée, en faisant tourner ton breuvage au fond de ton verre. Tu n'étais absolument pas friand de ce genre de soirées, notamment quand tu te trouvais séparé de la plupart de tes amis, partis danser ou séduire des membres de l'autre sexe. Tu aurais pu agir ainsi, toi aussi, mais Piper était collée à toi et tu n'avais réussi à t'en défaire qu'en prétextant une conversation sérieuse avec Siv von Rosen, ton amie et alliée en toute chose. Surtout lorsqu'il s'agissait d'exécrer l'esclave d'Endymion, votre futur roi adoré. D'ailleurs, tu voyais la jeune blonde fusiller des yeux Rozen, rongeant son frein afin de ne pas lui sauter dessus, au su et au vu de tous. Cependant, à mesure que la soirée avançait, l'héritière von Rosen se comportait de plus en plus mal, oubliant peu à peu les règles de bienséance. Ces règles que vous suiviez pourtant à la lettre depuis votre tendre enfance. Après tout, vous aviez été formatés pour toujours sembler parfaits, en toute situation. « Siv, je pense que tu devrais arrêter de boire. » Tu sentais peser le regard de la jeune soeur d'Endymion sur vous et tout cela n'annonçait rien de bon. Après tout, si jamais elle découvrait que ton amie et toi complotiez contre cette esclave qu'Endymion appréciait plus qu'à sa juste valeur, vous alliez passer un très mauvais quart d'heure. Heureusement, pour le moment, la jeune esclave ne regardait nullement dans votre direction, préférant discuter avec l'héritier Martell. « Et arrêter de crier, tout le monde nous regarde. Personne n'a besoin de savoir à quel point nous la détestons, surtout pas Endymion. »

Je regardai par dessus mon épaule, Rozen préfère parler avec ce Edric Martell. Si je me fichais bien de lui, une rage me pris soudainement envers l’esclave d’Endymion. Elle était insupportable avec ses petites manières de princesses ratée, c’était bien la seule à oser ne rien faire de la soirée à part discuter et s’amuser : les esclaves doivent servir les sorciers et non profiter de leurs soirées. Essayant de me contenir, j’enchainais vers après vers pendant près d’une bonne heure. La tête avait d’abord commencé à me tourner, si bien que je n’eus d’autre choix qu’aller m’assoir. Finalement, je ne perçu presque plus qu’un bourdement dans mes oreilles, et cette fille répugnante. Je me levais en poussant un sang-mêlé qui se trouvait en face de moi, la table était bien trop loin pour que je puisse y accéder, surtout avec Rozen à côté. « Donne moi ton verre immédiatement, où tu risquerais bien d’être soumis au sortilège Doloris au moins dix fois pour avoir osé affronter Siv Von Rosen. » Le malheureux devint livide, il tendit son verre que je pris sans un dernier regard envers lui. Toute mon attention se portait sur Rozen, mais je n’en avais pas fini avec cet infâme malheureux. « Tu vois cette fille ? Cette fille ! » Je rigolais d’un rire hautement ridicule, quelque peu démoniaque. « Non, cette infâme créature. C’est l’esclave de mon fiancé, une sale mégère qui se pense supérieur … Jusqu’au jour où elle se fera arrachée sa sale gueule d’ange raté du reste du corps ! » Les gens autour se retournèrent légèrement vers moi, me regardant avec de grands yeux surpris. Il n’avait jamais vu une future reine ? Ce soir je prenais mes doigts, et se serait bien la dernière soirée paisible que passerait Rozen, je l’avais décidé. Je poussais le garçon loin de moi avec un grognement en me dirigeant vers elle. Puis je fus soudainement stoppé par Aegon. « Siv, je pense que tu devrais arrêter de boire. » Je le regardais sans comprendre, pourquoi voulait-il que j’arrête ? Je m’amusais tellement. Je pris le verre d’une personne passant à côté de moi. « Oh mooooon Aegooooooon ! Prend ça, en guise de notre amitiiiiiié ! » Dis en lui prenant le bras amicalement, et en lui collant le vers sur le torse. « Et arrête de crier, tout le monde nous regarde. Personne n'a besoin de savoir à quel point nous la détestons, surtout pas Endymion. » Je regardai Aegon, pas inquiète le moins du monde. « Aegon, je suis la future reine, je ne risque ab-so-lu-ment riiiiien, mais cette sorcière, par contre, c’est une autre histoire. » Dis-je, finissant ma phrase en m’adressant à quelqu’un d’autre, pointant Rozen du doigt.

"Et tu comprends, j'ai sauté sur le dos du cocatrix et j'ai hurlé, BAZINGA pour lui faire peur. C'est le coup classssique. " Elle ricana en mimant la scène au jeune garçon, comme si c'était la chose la plus normale à faire cette soirée là. Endymion lui avait bien dit de rester calme – et surtout à sa place – mais elle en n'avait que faire de ses soi-disant ordres. Elle faisait ce qu'elle voulait et s'il n'était pas content, c'était la même chose. La jeune fille n'avait jamais été soumise au bon vouloir du prince et ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait commencer à lui obéir. Et puis, visiblement, ce fameux Edric ne semblait pas mécontent qu'elle lui raconte ses histoires loufoques avec les bêtes sauvages qu'elle avait du affronter au tournoi des épines. Si cela avait dérapé sur la fin, cela était resté finalement plutôt amusant dans l'ensemble. Riant fortement, elle se fichait des regards assassins qu'elle recevait de la part de certains nobles qui passaient non loin d'elle. Nul doute que beaucoup d'entre eux désiraient l'étrangler mais qu'aucun n'osait s'attirer le courroux du Peyredragon. Tapotant sur le bras d'Edric, elle se tourna sur elle même pour finalement apercevoir un peu plus loin Siv et Aegon, visiblement entrain de se chamailler. Elle n'avait aucune idée de quoi ils pouvaient bien parler – bien qu'ils semblaient très agités – et elle se contenta de leur tirer la langue avant de leur faire un doigt d'honneur pour les saluer à sa manière. Non, elle ne les aimait pas et ce n'était un scoop pour personne et surtout pas pour eux. Ricanant alors qu'elle faisait mine de se remettre à discuter avec Edric, elle tendit discrètement le pied quand une noble pompeuse et vaniteuse passa non loin d'elle, si bien que celle-ci finit par trébucher et par renverser tout son plateau et son verre sur Siv. Personne n'avait pu voir que la née-moldue en était responsable – ce qui arrangeait bien ses affaires. Quoi que, même si on l'avait vu, elle s'en serait fichée. Ce soir elle ressentait le besoin d'embêter un peu la suédoise qui semblait se montrer toujours aussi détestable. Et tant pis si cela finissait par lui attirer des problèmes. La voir, à cet instant précis, couverte de vin et de crème chantilly était la plus grande des récompenses, si bien que la princesse moldue était complètement morte de rire, appuyée contre le jeune Martell qui ne devait pas comprendre. Les gens murmuraient, certains ricanaient et la jeune fille ne put s'empêcher de se dire que la soi-disant future reine allait devoir supporter cette humiliation pendant un long moment. Elle aurait beau utiliser de tous les moyens possibles pour faire terre l'affaire, certains se rappelleraient et cela suffisait largement à Rozen qui tendit la main pour prendre un petit gâteau, le gobant en une seule bouchée avec l’œil pétillant de malice. Elle s'amusait définitivement bien.

Les mondanités étaient courantes et Edric s'y était habitué au fil des années. Quand il avait appris que de nouvelles festivités étaient données à Poudlard et qu'elles étaient entre autres dirigées par Morrigan Ravenclaw, il avait tout naturellement accepté de s'y rendre. Ignorant royalement sa promise, Cercei, il s'était préparé seul et était arrivé dès le début de la fête. Sympathisant immédiatement avec plusieurs de ses amis, il se retrouva même en compagnie de Lukeria Ravenclaw qui avait un air étrange sur le visage, à croire qu'elle venait de gagner une bataille. Au bout d'un moment, il préféra néanmoins quitter la Grande Salle quand les choses commencèrent à déraper. Jetant un regard soucieux en direction de Cercei avant de partir, il fut bienheureux de trouver du monde dans le hall d'entrée. Reconnaissant sans mal Aegon, Siv et Eirlys, il fut ravi de découvrir Rozen. S'approchant d'elle, ils se mirent aussitôt à parler cocutrix et c'était fascinant. En secret, le Martell faisait partie de la résistance et il n'éprouvait aucune gêne à parler avec une "esclave". Néanmoins quelque peu en retrait afin d'éviter d'éveiller les soupçons, il ne put s'empêcher d'éclater de rire à de nombreuses reprises. « Et tu comprends, j'ai sauté sur le dos du cocatrix et j'ai hurlé, BAZINGA pour lui faire peur. C'est le coup classssique. » Riant de bon coeur, il fronça les sourcils en voyant l'air déterminé et haineux de Siv. Se demandant bien ce qui pouvait lui arriver, il écarquilla les yeux de stupeur en voyant un plateau se renverser sur elle. Proche de Rozen, il avait évidemment vu que c'était de sa faute si tout était tombé sur Siv. Il n'y connaissait pas grand chose en matière de ragots et le lien négatif qui semblait unir les deux jeunes femmes lui échappait totalement. Inutile de dire que Cercei aurait été grandement utile dans ce cas là. Se rapprochant discrètement de Rozen, le brun préféra baisser d'un ton afin que cela ne reste qu'entre lui et la belle. « Qu'est ce que Siv Von Rosen a pu bien te faire pour mériter d'être aspergée de vin et de crème chantilly ? » murmura-t-il, sincèrement curieux et amusé envers l'esclave. La soirée ne faisait que commencer, c'était certain.